Réponse à une question reçue au camp des moniteurs de Patro (3R)!

Dans le cadre du panel qui a été organisé lors du dernier évènement pastoral des Patros (4 et 5 janvier 2013 au Patro de Lévis), j’ai reçu, en tant que participant à ce panel, un billet sur lequel était écrite la question suivante : Comment ton passage au Patro Roc-Amadour a transformé ta foi? Mon confrère Otavio De Oliveira, voyant ma désolation de ne pas pouvoir y répondre -- le panel étant terminé lorsque la question m’a été remise--, m’a alors suggéré d’y répondre dans le prochain Bulletin. J’ai tout de suite attrapé cette perche qui m’était tendue!

Dans cette question, je ne doute pas qu’il s’agit de la foi chrétienne, le contexte du panel me le certifiant. En effet, tous les religieux du panel, dont moi-même, avons eu l’opportunité de témoigner de notre appartenance à Jésus Christ et donc, d’actualiser notre foi. C’est important cette actualisation car c’est justement là que se joue l’avenir de l’héritage chrétien propre aux Patros! Sommes-nous encore capable d’actualiser notre foi aujourd’hui, ou bien devient-elle une vague inspiration, quelque chose du passé? Lors de cet événement pastoral appelé les 3R (Rencontre, Ressourcement, Relance), du début à la fin, j’ai perçu que l’inspiration chrétienne est à la base de ce « mouvement social » que sont nos Patros.

Dans la question il y a le mot « transformé ». Cette expression est radicale! En tant que chrétien il m’est facile de penser que les autres ont besoin de conversion. Par contre, moi est-ce que j’en ai besoin? Me convertir à quoi ou à qui? Quiconque s’approche du Patro remarque qu’il y a un mouvement, que des valeurs sont promues. En voici quelques unes : Partage, authenticité, amitié et joie. Par ailleurs, la foi chrétienne, sans s’y confondre, s’articule à ces valeurs humaines. Jésus a passé en faisant le bien. (Ac 10,38)

L’étude de la physique et des mathématiques (on est loin du Patro) m’a appris qu’il y a toujours une solution aux problèmes. Or, je crois que mon principal problème au cours d’une période de ma vie, précisément à l’adolescence, a été de ne plus croire en rien ou, pour le dire autrement, d’être devenu athée. Mais, puisqu’il me fallait bien vivre, je trouvais mon « bonheur » dans la lecture des romans. Par contre, mon problème n’était toujours pas résolu car je ne savais toujours pas en quoi (ou en qui) croire exactement. Or, un jour, je suis tombé sur un livre qui n’est pas tout à fait un roman mais que j’ai décidé de lire quand même. Il s’agissait d’un extrait du Nouveau Testament de la Bible de Jérusalem, intitulé « Les Quatre Évangiles ». Heureuse lecture!

Voici maintenant ma réponse à la question : Lors de mon passage au Patro Roc-Amadour ma foi a été transformée, au travers des quelques événements particuliers que j’y ai vécus, par les rencontres ici et là, au fil des jours et des semaines. Chaque personne a été pour moi un mystère qui m’a fasciné mais qui, en même temps, m’a commandé un infini respect. Comme dit saint Paul dans sa seconde lettre aux chrétiens de la ville de Corinthe : « Nous portons tous un trésor, mais ce trésor nous le portons dans des vases d’argiles » (2 Cor, 7).

Pour terminer, j’aimerais vous raconter une anecdote tirée de mon vécue au Patro Roc-Amadour. Ça se passait un samedi matin à Loisir Plus (groupe d’adultes avec des handicaps intellectuels). J’étais assis là, avec les membres du groupe, un peu ennuyé par la session de « lipsing » (numéro de variété consistant à faire semblant de chanter sur une bande sonore préenregistrée en « mimant » des lèvres les paroles de la chanson.) exécutée par une jeune personne avec un handicap intellectuel. Mon ennui me paralysait sur ma chaise mais, en jetant un coup d’œil autour de moi, je voyais que tous étaient captivés par le « show ». « Personne ne me remarque, ais-je pensé, tant mieux! » Me détendant ainsi, je me suis mis à me dandiner comme les autres sur ma chaise. Quand j’ai à nouveau jeté un coup d’œil autour de moi pour voir où en était l’assemblé, j’ai eu la surprise de voir que beaucoup de regards convergeaient vers moi. On m’avait remarqué!

Frère Jean-François